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Ponton Miziki Festival : carrefour des talents congolais et internationaux à Pointe-Noire

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Sep 9, 2024

Qui a dit que les talents résidaient toujours dans les capitales ? Certainement pas l’Institut français du Congo à Pointe-Noire, qui organise pour la deuxième année le Ponton Miziki Festival. Sur la plage de la Côte sauvage, cet évènement, chaleureux et engagé, célèbre les musiques congolaises et africaines ainsi que la découverte de nouveaux talents.

Une ambiance chaleureuse

C’est d’abord un cadre enchanteur et une énergie incroyable. Les pieds dans le sable, à côté de l’océan dont on entend parfois le bruit des vagues, le Ponton Miziki Festival est un évènement festif. Vingt-cinq artistes et plusieurs DJs y jouent, de treize heures à minuit, pour des milliers de spectateurs.

Entre deux concerts, on découvre les délices culinaires ponténégrins. Il y a des rires, des gens qui dansent. Et qui s’émerveillent comme Mademoiselle Michèle, qui piaffait depuis des semaines, à l’idée de voir Nestelia Forest, sa chanteuse préférée. « Tata Nesty m’a fait pleurer ! C’était tellement d’émotions ! J’ai adoré ! », nous confie-t-elle après son concert. Entourée de ses danseuses époustouflantes, l’artiste congolaise la plus suivie sur Facebook a mis le feu avec ses chansons dansantes et émouvantes. Elle les interprète en français et en anglais, mais surtout en bembé, lingala, munukutuba ou encore mbochi. « Nos langues sont tellement belles ! J’aimerais les faire découvrir au monde entier. Il faut chanter dessus ».

Plus tard, c’est en bassa que le guitariste et percussionniste camerounais Blick Bassy s’est, lui aussi, livré à un magnifique concert. Tandis que le Brazzavillois Diesel Gucci faisait danser les festivaliers sur ses textes en lingala.

Au Ponton Miziki Festival, les artistes sont aussi éclectiques dans leurs styles. Si r’n’b, soul et afrobeats sont au cœur des chansons de Nestelia ou de la musique « afro-love » du charismatique Shibea, le rap était représenté grâce aux prestations de Jessy B, la lauréate du Prix Découvertes RFI 2023, Teddy Benzo ou encore Makhalba Malechek. À leur côté, sur la deuxième scène du festival, des rappeurs émergents : Zerkal, la jeune Nayan’K aux textes aiguisés, O.G. AMS ou encore Léma. Des étoiles en pleine ascension, révélées par l’Institut français du Congo à Pointe-Noire.

Un tremplin pour les artistes

Car, outre le métissage, l’une des ambitions du Ponton Miziki Festival est de soutenir et faire découvrir au public des artistes émergents. Un accompagnement au long cours, mis en place par l’Institut français du Congo à Pointe-Noire, qui organise toute l’année « le jeudi des mots » où les artistes sont invités à venir, seuls ou accompagnés, pour jouer leur musique.

« Le festival est comme une école pour les artistes ponténégrins », nous explique Gaëlle Metellus, directrice déléguée de l’Institut français. « Les directeurs artistiques mettent à disposition des musiciens et des choristes pour permettre aux artistes de s’épanouir en travaillant sur le live, la réorchestration ; cela leur permet également d’ouvrir leur spectre musical. On met aussi à leur disposition la scène de l’Institut français et ses instruments de musique ».

Le retour aux sources

Ponton Miziki Festival est aussi la possibilité de faire redécouvrir des étoiles de Pointe-Noire, à l’instar de Gaël et les Caïmans. Ce chanteur, joueur de sanza et percussionniste de talent (qui a beaucoup accompagné Manu Dibango), revient dans sa cité océane natale, après plusieurs années au Sénégal. Les visages peints, lui et ses musiciens ont livré un concert spectaculaire, mêlant jazz, rumba, blues, funk et afrobeat. « J’étais aux anges. Ce festival permet de donner la chance à des artistes dans l’ombre, de montrer leur talent », nous confie à l’issue du spectacle cet artiste attachant, à l’énergie communicative.

Il a vécu dans la rue, sacrifiant ses études pour permettre à ses sœurs de ne pas sombrer dans la prostitution, à la mort de leur père, gagnant sa vie de petits expédients et de concerts, avec des amis, dans les restaurants, sur des instruments qu’ils fabriquaient. Une trajectoire qui l’a « construit », affirme-t-il. Tout comme la chanteuse Tyty Meuf à part.

Tyty Meuf à part
Tyty meuf à part : nouvelle étoile de Pointe-Noire

C’est l’une des révélations de la première édition du Ponton Miziki Festival. Tyty Meuf à part, dont la musique flirte, entre autres, avec la soul et le r’n’b, dégage une présence scénique magnétique.

RFI Musique : Que représente ce festival pour vous ?

Tyty meuf à part : la possibilité de découvrir la culture et la musique de Pointe-Noire, aussi bien des jeunes que des anciens artistes. C’est très important de découvrir sa créativité, sa diversité et son authenticité.

Vous étiez au départ artiste de rue…

Bien sûr ! J’ai beaucoup vagabondé dans la rue. Elle m’a bercée comme disent certains rappeurs. Elle m’a beaucoup appris notamment qu’il faut respecter les grands et ne jamais les trahir. Jouer dans la rue, c’est aussi savoir se faire écouter.

Qu’est-ce que cela change de vous produire sur cette scène ?

Le public est extrêmement différent. Celui de la rue cherche ce qui est réel, ce qui se passe dans la rue, dans toute sa beauté et sa cruauté. Sur scène, on entend de l’amour, de la société, des émotions, mais dans la rue, c’est réel (rires)

D’où vient votre nom de scène ?

Tyty, c’est le diminutif de Bettie. « Meuf à part » ce sont mes amis qui me l’ont donné. C’est une façon d’être différente dans ce que l’on fait et de le prôner. La meuf à part défend certaines causes, celles qui vivent dans les rues, dans certains districts. Elle parle au nom des sans voix. Être une femme dans le monde musical n’est pas facile. Beaucoup de perturbations, de comportements assez osés. Mais en suivant nos objectifs, on y arrive.

Paradoxalement, votre prochain EP s’intitule Paradisiaque…

Oui ! Le premier single s’intitule Esili Yo, « C’est terminé ». À travers lui, j’adresse un message à celles et ceux qui prennent des chemins turbulents, qui traversent des épreuves, mais se disent « J’atteindrai mon but, je fonce ».

C’est un peu vous ?
(Elle éclate de rire) Oui ! Mais à travers cela, je sais aussi que je parle d’autres.

source : https://musique.rfi.fr/
Par : Marjorie Bertin

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