1917. Bakary Diallo (Omar Sy) s’enrôle dans l’armée française pour rejoindre Thierno (Alassane Diong), son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s’affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l’arracher aux combats et le ramener sain et sauf.

“Tirailleurs”, réalisé par Mathieu Vadepied à qui l’on doit le long métrage “La vie en grand” et la série “En thérapie”, est produit par Omar Sy. C’est dire si l’implication de l’acteur dans ce projet est forte. Le film se focalise sur la relation père-fils en faisant l’économie des scènes de tranchées vues et revues dans d’autres productions.

Mais “Tirailleurs” met surtout en lumière un pan souvent oublié de l’histoire: entre 1914 et 1918, ce sont près de 500’000 soldats venus des colonies qu’envoie au front la France. Des soldats originaires de pays qui constituaient l’Afrique occidentale française, soit les actuels Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger et Mauritanie, avaient ainsi été enrôlés pour servir la France alors même que la plupart, comme Bakary Diallo dans le film, ne parlaient même pas français.

Un film nécessaire pour son devoir de mémoire

“Un film plus intéressant pour son impact historique que pour sa réalité cinématographique, mais c’est déjà pas mal”, affirme Rafael Wolf, critique cinéma pour la RTS. Les cinq dernières minutes du film sont, pour le critique, “absolument prodigieuses”, “malheureusement le reste du film l’est beaucoup moins, parce que la mise en scène est assez plate”.

Pour Vincent Adatte, critique cinéma, le film est inégal. “Ce qui est intéressant, dans la relation père-fils dans le film, c’est qu’elle inverse la relation d’autorité. Le fils, Thierno, va devenir le supérieur hiérarchique de son père, Bakary. Ce qui est quasiment blasphématoire dans la culture Peule dans laquelle ce sont toujours les anciens qui ont le pouvoir”.

Pour les deux critiques, le film est nécessaire tant il fallait évoquer cette page de l’histoire. “Même si elle avait déjà été évoquée dans ‘Camp de Thiaroye’, un film magnifique de Ousmane Sembène sorti en 1987, qui raconte comment des tirailleurs sénégalais de la Deuxième Guerre mondiale ont été mitraillés par l’armée française parce qu’ils demandaient à être payés”, raconte Vincent Adatte.

Le film “Tirailleurs” de Mathieu Vadepied fait son devoir de mémoire, un devoir important, nécessaire, de manière honorable.

ld/jfe

“Tirailleurs”, de Mathieu Vadepied, à voir actuellement dans les salles romandes.